Provenance :
- Camille Marcille, Paris (son étiquette, Lugt 605a, au dos du cadre avec le numéro manuscrit «513 »)- François-Hippolyte Walferdin, sa vente, Paris, 12-16 avril 1880, n° 254
- collection Cahen d’Anvers, Paris
- acquis en 1922 par M. Givaudan, puis par héritage jusqu'à ce jour
Bibliographie:
- R. Portalis, Fragonard, sa vie, son œuvre, Paris, 1889, p. 315
- A. Ananoff, L’œuvre dessiné de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), Paris, II, 1963, no. 764 et III, 1968, p. 327
Ce dessin, dans un état de conservation remarquable, montre un homme pointant du doigt vers un crâne posé et philosophant sur la fragilité de la vie, comme indiqué par l’inscription sur le montage. Témoignage de son importance, le dessin a été gravé à la manière de sanguine et dans le même sens par Gilles Demarteau (1722-1776) sous le titre Pensez-y bien.
Comme souvent avec Fragonard, la datation de cette feuille n’est pas aisée. D’un côté, sa technique et son sujet le rapprochent d’un groupe d’académies masculines datant du séjour italien de l’artiste, de 1756 à 1761. Certains de ces dessins, en particulier trois aujourd’hui au Musée Atger à Montpellier (Ananoff, op. cit., I, 1961, nos. 241, 242 et 244), portent des inscriptions « fragonard » à la plume et encre noire qui sont similaires à celle, cette fois à la mine de plomb, visible sur la présente feuille. Mais celle-ci n’est pas une simple étude académique, l’artiste y a ajouté une dimension allégorique, absente des autres dessins du groupe qui sont avant tout des études de draperie. De plus, la sanguine y paraît appliquée avec plus de fluidité, les plis plus souples et moins cassants et les contrastes plus subtils. Enfin, la gravure de Demarteau date de manière sûre de 1772 ou 1773 et il paraît logique qu’elle ait été exécutée d’après une œuvre contemporaine de Fragonard et non d’après une réalisée plus de dix ans auparavant. D’ailleurs, les deux autres gravures de Demarteau d’après Fragonard, un Portrait de Bergeret de Grancourt et une Étude de femme, reproduisent des dessins généralement datés de 1770-72.
Le dessin a fait partie de deux des plus importantes collections de dessins de Fragonard formées au dix-neuvième siècle, celles de Camille Marcille (1816-1865) et de François-Hippolyte Walferdin (1795-1880).