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CHF 20 000-30 000.-
CHF 63 000.-
Paire de candélabres d'époque Empire, attribués à Pierre-Philippe Thomire (1751-1843), en bronze à patine brune et doré mat et brilliant, figurant Isis habillée d'une longue jupe collante ajustée sous les seins et ornée sur le devant d'une bande de hiéroglyphes fantaisistes, elle porte en guise de coiffe une perruque à boucles serrées surmontée d'un vautour. Dans chacune de ses mains figure une tige de lotus d'ou s'échappe des serpents supportant un feu. La partie supérieure formant trois bras de lumières et ornée d'oiseaux, têtes de boeufs et couronnée d'un chat assis. La base pyramidale présente un décor appliqué en bronze doré figurant le boeuf d'Apis surmonté d'un personnage à tête d'animal et d'une frise représentant des animaux stylisés. h. 90 cm

Pièce similaire :
- Christie's Londres, European Furniture and Works of Art, 6 juillet 2016, lot n°104
- Vente Christie’s Londres, 22 janvier 2014, lot 136
- Vente Sotheby’s Paris, Vente des anciennes collections du musée Grevin 12 mars 2002, lot 98
- Modèle similaire conservé à l’Hôtel Salm à Paris, Grande chancellerie de la légion d’Honneur, provenant du Palais de Saint-Cloud, reproduite dans l’ouvrage de Jean-Michel Humbert, Egyptomania , édition RMN Réunion des Musées Nationaux, n°167, page 286 et 287. également reproduit dans l'ouvrage ;  Dumonthier, Ernest, Les bronzes du mobilier national, Bronzes d'éclairage et chauffage, Libraire Générale de l'Architecture et des Arts Décoratifs, Ch. Massin, Éditeur,  PL. 16, Ill. 3 

Compléments d'informations

Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) est l’un des plus illustres bronziers de la fin du XVIIIe s. et du début du XIXe s. Fournisseur de Louis XVI aussi bien que de l’empereur Napoléon, réalisant des commandes prestigieuses pour une clientèle étrangère importante, la qualité de ses œuvres lui a permis de traverser près d’un siècle avec un succès égal.

Après un apprentissage de la sculpture classique à l’Académie de Saint-Luc, à Rome, où il travailla avec le célèbre sculpteur Houdon (1741-1828) qui avait remarqué son talent, il fut l’élève du non moins célèbre Pierre Gouthière (1732-1813) à Paris, ciseleur doreur du roi Louis XVI, auprès duquel il acquiert une parfaite maîtrise du métier. Cette formation très complète lui permet de briller tant sur le marché du bronze d’ornement qui marque le début de sa carrière, notamment en devenant bronzier de la manufacture de Sèvres, que dans le bronze d’ameublement.

La réalisation des bronzes dorés (cariatides sculptées et ornements finement ciselés) du serre-bijoux de Marie-Antoinette en 1787, actuellement au château de Versailles, achève d’asseoir la réputation d’excellence de Pierre-Philippe Thomire qui travaille désormais pour le Garde-Meuble royal et dont les ateliers vont compter plus de 800 artisans à son apogée, au tout début du XIXe siècle.

La Révolution n’entrave pas le succès de l’artisan bronzier dont la production s’accroît encore sous l’Empire. La taille importante de son entreprise, son dynamisme et son talent ainsi que sa tendance déjà développée pour les motifs guerriers et les sujets antiques facilitèrent son adaptation au nouveau goût de l’époque. Il eut beaucoup de commandes en France et à l’étranger, et produisit en nombre important des pendules, des surtouts de table ou encore des candélabres. De l’atelier de Thomire sont sortis une grande quantité d’objets et tous ne sont pas signés, mais la qualité sculpturale du bronze, de la ciselure et de la dorure nous permet de reconnaître le savoir-faire de cet homme talentueux et de lui attribuer, quand elles ne sont pas signées, les pièces dont il est l’auteur.

Les plus prestigieux musées et collections privées conservent aujourd’hui les belles productions de Pierre-Philippe Thomire. Les lots 290 à 297 du présent catalogue sont un échantillon de choix de bronze Empire signés et attribués à ce célèbre sculpteur-bronzier dont le renom fait encore écho chez tous les collectionneurs.
Thomire traduit dans ses réalisations la fascination de son temps pour la culture et l’histoire de l’Égypte : l’égyptomanie réutilise les thèmes et éléments décoratifs empruntés à l’Égypte ancienne dans des formes et objets variés, sans rapport avec leur utilisation et leur signification d’origine. Le mouvement artistique qui en découle s’organise autour de trois éléments : les sources archéologiques et iconographiques, le goût du public pour la ‘’nouveauté’’ et l’exotisme, la symbolique divine. Ce mouvement n’est pas une simple copie des arts de l’Égypte ancienne, mais bien plutôt une interprétation et une recréation des éléments qui la composent et qui restent mystérieux pour l’époque.

Cette magistrale paire de candélabres est une illustration intéressante de ce mouvement artistique inspiré de l’Égypte, tant par la bande d’inscriptions imaginaires imitant les hiéroglyphes présente sur la jupe de la nubienne que par la coiffe qu’elle porte, surmontée d’un vautour et non d’un Némès comme le voulait la tradition égyptienne.
Ces candélabres sont directement inspirés d’un dessin de Charles Percier (1764-1838) datant de 1800-1802, représentant un projet de console dont un modèle se trouve au Grand Trianon à Versailles. Architecte officiel de l’Empereur Napoléon Bonaparte, Charles Percier a réalisé avec Pierre-François Léonard Fontaine (1762-1853) les dessins et croquis qui ont servi de base à tout l’ameublement des commandes officielles sous l’Empire.